Et quelque chose a commencé à se réveiller en moi. Quelque chose d’effrayant.
Quelque chose d’immense qui reliait ma tête à mes hanches, mes hanches à mes mains, mes mains à mon cœur, et mon cœur à mes pieds jusqu’à ce que j’ai le sentiment d’être à la fois partout et nulle part.

Gabrielle Roth

Les barreaux qui encerclaient la flamme volent en éclats et les brisures se répandent dans tous les interstices du corps de cette femme. Au rythme de ses mouvements incessants, elles
se dissolvent une à une. La chaleur de cette flamme bien trop longtemps contenue commence alors à trouver son chemin dans tous les espaces qui s’ouvrent. C’est un tsunami de lumière, une fièvre extatique, un feu effervescent qui gagne toutes ses cellules. Elle n’y comprend plus rien et n’a d’autre choix que de se laisser traverser, transpercer, infiltrer.

CESSE DE RéSISTER.

LÂCHE. LÂCHE. LÂCHE.

La flamme jubile. Elle respire enfin. Elle prend sa place.
Elle déborde de partout. Entrainant ainsi le corps, le cœur et l’esprit de cette femme dans un gigantesque tourbillon. Une machine à laver. Qui fait voler ses certitudes en éclats. Voir le monde à l’envers (ou peut-être à l’endroit pour la première fois ?). Tout mettre sens dessus dessous. Elle n’a même pas le temps d’avoir peur, tout va si vite, tout s’enchaine. Sa puissance déferle, la vie refait surface dans toutes ses cellules. Ça pulse. Ça vibre.

Ça y est. Elle se souvient.
De son essence sauvage.
Libre. Indomptée. Non-domestiquée.
Elle me voit.
Enfin.

Mes incessants rêves de vagues prennent tout leur sens maintenant.

Elle m’a frappée de plein fouet.

J’ai accepté de me laisser emporter.

J’ai accepté de me laisser bousculer dans tous les sens.

Je n’ai plus rien compris à ce qui m’arrivait.

A cette immense boule de feu qui se réveillait au creux de mon ventre.

J’ai tenté de résister mais j’ai vite compris que ça ne serait pas possible.

Oui, la vague m’avait bel et bien frappée de plein fouet.

Il était temps que je m’abandonne, que je lâche tout.

que j’accepte de ne plus rien savoir, de juste me laisser porter.

Toute ma vie, j’ai craint qu’en lâchant, je perdrais pied.

Et pourtant, c’est au cœur de ce gigantesque tourbillon où je ne maitrisais plus rien

que j’ai réalisé que mes pieds n’avaient jamais été aussi bien ancrés sur terre.

C’est en étant au plus proche du cœur de moi-même,

au plus proche de la vibration originelle de mon âme,

au plus proche de ma flamme de vie,

dans une complète et totale vulnérabilité,

que j’ai pu ressentir toute l’ampleur de ma puissance, de ma force, de ma détermination.

Qui n’avait rien à voir avec le contrôle mais tout à voir avec la vibration du vivant. Du vrai. Du juste.

Les synchronicités – je dirais même les synchronisations – n’ont fait que s’enchainer.

Des âmes vibrant de concert avec moi sont venues se mettre sur mon chemin. Juste là. Devant moi.

La connexion a été comme une évidence. J’ai suivi l’élan. J’ai osé. J’ai traversé mes peurs.

J’ai constitué mon équipage avec une fluidité déconcertante.

Et L’Échappée Sauvage a commencé à prendre forme.

Grâce aux moyens que la vie m’a offert parce que j’étais enfin branchée sur le bon canal.

Le mien.

La peur devient un cadeau lorsqu’on ose la traverser. Elle devient alors le sol invisible sur lequel peut s’appuyer le désir, le terrain de jeu fertile de la créativité, l’équilibre instable du goût pour l’aventure, le pont alchimique d’une possible croissance.

@balancetapeur